Histoire de la rupture
Les tendons de la coiffe sont solidement fixés à l’os par une insertion tendineuse. Cette zone peut malheureusement casser provoquant une rupture qui peut survenir:
1/ brutalement suite à un choc ou un effort brusque, on parle alors de rupture traumatique
2/ progressivement vers 50 ans, on parle d’usure de coiffe ou coiffe dégénérative.
Dans le 1er cas, le tableau est surtout marqué par une fatigabilité douloureuse évoluant par crises plus ou moins intenses. Dans le 2ème cas, le tableau est celui d’un déficit musculaire avec une épaule dite pseudo-paralytique en général peu douloureuse.
Pour comprendre la différence entre ces 2 types de rupture, prenons l’exemple d’une crevaison. Le pneu peut éclater brutalement en roulant sur un objet tranchant ce serait la rupture traumatique ou se dégonfler progressivement avec l’usure de la gomme, ce serait la rupture dégénérative.
Cette différence est assez théorique car bien souvent les 2 mécanismes sont présents. En fait, les tendons de la coiffe des rotateurs ont naturellement tendance à s’user, surtout lorsqu’ils sont sollicités dans le travail ou les activités sportives. Au bout d’un certain temps les tendons deviennent plus fragiles et finissent par se fissurer.
La plupart du temps, cette fissuration entraîne une douleur qui se manifeste par une sensation d’accrochage douloureux lors des mouvements amenant le bras au dessus de la tête.
Cette gêne peut être parfaitement tolérée et même passer totalement inaperçue si on arrive à trouver les voies de passages confortables pour les gestes en hauteur. Le problème survient :
1/ en cas d’extension brutale de la lésion avec de grosses difficultés pour réaliser les gestes en hauteur.
2/ en cas d’inflammation chronique, avec un fond douloureux permanent y compris au repos et la nuit.
Tant que la perforation reste de petite tailleles conséquences fonctionnelles sont minimes.En revanche, dès que la rupture dépasse 10 mm, les gestes les plus simples du quotidien comme la toilette, l’habillageou les soins d’hygiène se compliquent.
Une rupture de coiffe peut être assimilée à un « accroc » dans un drap qui se déchirerait brutalement si l’on met le doigt dedans et que l’on tire.
Dans la plupart des cas, les lésions de la coiffe sont liées à une pointe sur l’acromion. Lorsque l’acromion est pointu ou crochu on parle d’acromion agressif ou de bec acromial. Il existe de nombreuses variétés d’acromion, mais seule 15% de la population possède naturellement un acromion agressif.
Ce facteur extrinsèque est constitutionnel c’est à dire qu’il ne peut apparaître spontanément. L’agressivité de l’acromion est donc indépendante de l’activité professionnelle.
Le point commun des lésions de coiffe est la tendinopathie du long biceps avec des douleurs débutant à l’avant de l’épaule et se propageant dans le bras. Ces douleurs peuvent empêcher le patient de dormir sur son épaule.
La moindre lésion dans l’épaule, sévère ou bégnine, peut également « allumer » le biceps et générer les douleurs. Le long biceps n’a pas d’autres fonctions que celui de « lanceur d’alerte » afin de limiter par un signal douloureux de protection les efforts du bras.
Avec une rupture de coiffe, dans la grande majorité des cas, le patient peut bouger le bras, mais avec une vraie perte de force pour les gestes au dessus de l’horizontale.
Ces douleurs peuvent s’associer à des douleurs dans les cervicales et à l’arrière de l’épaule qui correspondent à des pseudos crampes des autres muscles. L’explication la plus fréquemment citée rapporte ces douleurs à un phénomène de compensation par les muscles extrinsèques de l’épaule de la perte d’efficacité des muscles de la coiffe des rotateurs.
Ces douleurs « projetées » évoluent indépendamment de la lésion tendineuse. Elles doivent impérativement être repérées et traitées au risque de compromettre la prise en charge de la coiffe.