Évolution de l’arthrose
Comme toute les articulations, les surfaces osseuses sont protégées par une surface de quelques millimètres appelée cartilage. Lorsque le cartilage n’existe plus l’articulation va progressivement se détruire.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’os est un tissu assez fragile qui, à l’image de 2 morceaux de sucre frottés énergiquement qui donnent du sucre en poudre, peut se dégrader facilement. L’usure articulaire provoque un enraidissement douloureux du genou qui limite progressivement le périmètre de marche et la pratique des escaliers.
Comme toutes les articulations, le genou a une certaine capacité de défense en sécrétant du hyaluronate. Il s’agit d’une « grosse » molécule avec plusieurs propriétés :
- Effet protecteur : en se collant sur le cartilage, elle agit comme une grille de protection qui évite que les zones de fragilité ne s’agrandissent.
- Effet amortisseur : dans le liquide articulaire elle va augmenter la viscosité, un peu comme un gel permettant d’absorber les chocs.
- Effet liant : en pénétrant dans le cartilage, elle augmente sa solidité en renforçant la cohésion entre les chondrocytes (cellules du cartilage) un peu comme un
Malheureusement cette efficacité est insuffisante lorsque les lésions sont sévères et la capacité de synthèse du hyaluronate par le genou est limitée.
Lorsque le genou essaye d’augmenter la production d’hyaluronate endogène il peut se produire un phénomène d’emballement qui s’accompagne d’une production aberrante de liquide en très grande quantité. C’est ce que l’on appelle l’épanchement de synovie. Le gonflement du genou va augmenter la pression dans l’articulation ce qui va être à l’origine d’un inconfort voir de douleurs intenses surtout en flexion.
Cette production de liquide arthrosique est également inefficace car les molécules de hyaluronate y sont présentes avec une concentration plus faible du fait de la dilution, mais leur qualité est médiocre avec une taille beaucoup plus petite que celles retrouvées dans le liquide articulaire sain.
La gonarthrose est la plupart du temps primitive, c’est à dire sans origine spécifique. Lorsque l’ensemble du genou est usé, on parle de gonarthrose tricompartimentale. La douleur est en général diffuse et le problème est surtout marqué par la raideur en flexion. La gène évolue par crises avec une boiterie douloureuse d’abord intermittente puis permanente limitant le périmètre de marche jusqu’à atteindre quelques centaines de mètres.
Il existe également des formes qui ne concernent qu’une seule partie du genou. On parle de gonarthrose unicompartimentale avec une douleur assez bien identifiée en regard de la zone usée. Ces formes sont souvent secondaires et il n’est pas rare de retrouver un antécédent de fracture, de chirurgie du genou comme une méniscectomie réalisée 10 ou 20 ans plus tôt ou une malformation anatomique avec un mauvais alignement entre la cuisse et la jambe.
Que l’arthrose soit tricompartimentale ou unicompartimentale, la prise en charge sera radicalement différente selon le morphotype c’est à dire la forme des jambes. Le morphotype se défini par la position du genou par rapport à une droite reliant la hanche à la cheville :
- Normoaxé: la droite passe par le milieu du genou
- Varus : le genou est à l’extérieur de cette droite, il s’agit typiquement des jambes arquées à la Lucky Luke
- Valgus: le genou est à l’intérieur de cette droite, il s’agit typiquement des jambes en X avec les pieds qui restent écartés quand les genoux sont collés
Toute déviation de l’axe mécanique engendrera une «surcharge », car tout le poids du corps passera sur une toute petite surface cartilagineuse. En sachant que les contraintes peuvent être considérables, les anomalies du morphotype sont un des facteurs principaux dans la survenue d’une arthrose.
Le dépistage et la correction des anomalies du morphotype sont donc essentiels pour prévenir une arthrose.
Lorsque les épisodes d’épanchements sont réguliers, le liquide articulaire va se loger à l’arrière du genou et créer progressivement une poche que l’on appelle kyste poplité.
Ce phénomène explique également pourquoi la douleur est la plupart du temps plus intense à l’arrière du genou.