Traitement chirurgical
Le traitement médical n’a pas de place dans la prise en charge de l’instabilité récidivante de l’épaule.
Dès la survenue de la seconde luxation, la fréquence de survenue d’autres épisodes de luxation va augmenter. L’immobilisation et la rééducation, qui peuvent être proposer après un premier épisode de luxation, ne permettront pas de compenser les lésions anatomiques apparues à chaque déboitement de votre articulation.
Votre chirurgien vous proposera donc certainement une chirurgie de stabilisation.
Le choix du type de chirurgie varie en fonction de plusieurs critères:
- de votre âge.
- de votre éventuelle hyperlaxité
- de vos activités sportives
- du nombres et de la fréquence de vos luxations
- des lésions anatomiques mises en évidence sur l’arthroscanner.
1-La chirurgie de retention capsulo-labrale (chirurgie de Bankart)
La chirurgie de suture et de retention capsulo-labrale se déroule sous arthroscopie (chirurgie réalisée à l’aide d’une caméra sans réaliser de grande ouverture sur la peau).
La capsule et le labrum vont être refixés à l’os par un système d’ancres et de fils.
L’objectif est de refixer l’ensemble capsulo-labrale en bonne position pour qu’il repousse dans l’os un peu comme les racines d’un arbre.
Cette chirurgie nécessite une hospitalisation brève de 24 à 72 heures en fonction de la douleur, mais peut être réalisée en ambulatoire.
La cicatrisation capsulo-labrale est très efficace mais malheureusement très longue à se faire, avec 3 à 6 mois de grande fragilité ce qui explique la durée de la convalescence.
2-La chirurgie de butée osseuse coracoïdienne (chirurgie de Latarjet)
Pour empêcher l’épaule de se déboiter votre chirurgien peut reconstruire et renforcer le rebord abimé de la glène de l’omoplate en y fixant un fragment osseux (la butée).
Pour les luxations antérieures, le fragment osseux le plus couramment utilisé est un fragment de l’omoplate: la coracoïde, sur laquelle s’insère un gros tendon: le tendon coraco-brachial.
La coracoïde va être amenée au contact du bord antérieur de la glène et va être fixée solidement à l’os pour lui permettre de consolider à sa nouvelle place.
La butée coracoïdienne fera alors partie intégrante de la glène.
L’obectif de cette chirurgie est non seulement de reconstruire le rebord osseux de la glène, abimé lors des luxations, mais également d’abaisser la partie inférieure du gros muscle situé en avant de l’articulation de l’épaule (le sous-scapulaire) afin de créer un effet hamac lorsque le bras est amené en position de fragilité de l’épaule (armé du bras). Cet effet hamac permet de retenir l’humérus et l’empèche de se luxer.
Cette chirurgie de butée coracoïdienne peut être réalisée à ciel ouvert (en réalisant une ouverture sur la peau) ou sous arthroscopie (chirurgie réalisée à l’aide d’une caméra).
La chirurgie à ciel ouvert nécessite une cicatrice de 6cm en avant de l’épaule.
La butée est alors fixée par 2 vis qui permettent d’avoir une accroche solide dans l’os.
Cette chirurgie dure entre 45 min et 1h30.
La rééducation peut démarrer presque immédiatement.
La chirurgie sous arthroscopie nécessite en générale 6 incisions de 1 cm autour de l’épaule.
La butée est alors fixée par 1 système de petites plaques metalliques auto-serrantes sur le principe du rivet. On obtient alors une compression forte de la butée sur l’os.
La capsule et le labrum peuvent être refixés à l’os dans le même temps.
Cette chirurgie dure entre 1H15 et 2h30.
Il faut attendre en générale 15 jours avant de débuter la rééducation.
3- La stabilisation antérieure dynamique (Dynamic Anterior Stabilization: DAS)
Dans certains cas votre chirurgien peut ête amené à vous proposer une stabilisation de votre épaule en transférant le tendon de la longue portion du biceps en avant de la glène, en passant à travers le muscle sous-scapulaire comme pour la butée coracoïdienne.
Ce tendon va avoir pour rôle de créer le même effet hamac que la butée coracoïdienne mais sans transfert de bloc osseux.
Cette intervention se déroule sous arthroscopie.
Elle dure environ 1h15 et nécessite généralement 3 incision de 1cm.
La rééducation débute immédiatement après votre intervention.
Les suites opératoires
Quelle que soit le type de chirurgie qui vous est proposée, elle peut être réalisée en ambulatoire. Dans certains cas une hospitalisation brève de 24 à 72 heures en fonction de la douleur peut être nécessaire.
Vous bénéficierez d’une anesthésie générale associée à une anesthésie loco-régionale afin de limiter la douleur après l’opération.
Votre épaule sera immobilisée de manière plus ou moins stricte et plus ou moins longtemps en fonction de votre intervention.
Comme pour tout geste chirurgical, des complications peuvent survenir:
Si des microbes envahissent la zone opérée (infection), il faut un traitement médical prolongé, voire une nouvelle opération.
Le bras peut devenir raide et gonfler de façon exagérée (algodystrophie), mais c’est exceptionnel.Il y a plus fréquemment une légère raideur de l’épaule qui disparaît avec le temps.
Parfois l’os mis en place pour renforcer le rebord de la glène ne se soude pas (pseudarthrose) ou disparaît (nécrose).
Des muscles, tendons, ligaments, nerfs ou vaisseaux sanguins peuvent être abîmés pendant l’opération, ou suite à un déplacement des moyens de fixation. Cela peut créer des problèmes de fonctionnement ou de sensibilité de certaines parties du bras.
Malgré les réparations, une luxation accidentelle reste possible.
La convalescence est toujours longue car le processus de cicatrisation, prend du temps.
Prévoyez classiquement 2 à 4 semaines d’immobilisation, 6 à 8 semaines pour bouger l’épaule et pour reprendre la voiture, 3 à 6 mois pour récupérer une épaule confortable.
Le séjour en centre de rééducation est réservé à des cas particuliers.
La reprise des activités sportives et professionnelles sera discutée avec chaque patient selon sa situation.
Pendant la phase de cicatrisation primaire il faudra respecter une période de prudence en gardant le bras dans une attelle.
La durée de cette immobilisation est variable en fonction du type de chirurgie dont vous aurez bénéficiez, mais elle est généralement de 2 à 4 semaines.
Cette attelle ne doit pas être considérée comme un plâtre car tant que votre coude est au niveau de votre thorax vous ne courrez absolument aucun risque pour cicatrisation et la consolidation.
Vous pourrez donc sauf cas très particulier retirer votre attelle pour vous laver, vous habiller et bien sûr pour faire votre kinésithérapie.
Nous préconisons une attelle un peu particulière appelée « shoulder confort » qui positionne votre épaule dans la position qui met la suture dans la position avec le moins de tension. Cette attelle a profondément simplifié les suites opératoires avec une rééducation plus facile et des épaules beaucoup moins douloureuse.
Cette attelle peut paraître compliquée à mettre mais on s’y habitue très vite et après quelques jours de réflexion et l’aide de votre kinésithérapeute chaque patient arrive à trouver sa technique pour la mettre tout seul.